Trains TER : l’incroyable bourde du tandem SNCF-RFF

Les Echos

Les rames TER Regiolis d’Alstom et les Regio 2N de Bombardier, qui vont entrer en service progressivement jusqu’à fin 2016, sont plus larges que celles de la génération précédente, et vont donc nécessiter de raboter certains quais...

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mercredi 21 mai 2014, par administrateur

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On dirait un exercice d’arithmétique d’antan. Sachant que la SNCF a commandé pour les régions 341 trains TER, de combien de centimètres faudra-t-il élargir les quais pour leur permettre de circuler ? Donnez une estimation du calendrier de réalisation et calculez la facture. Réponse : L’arrivée de nouveaux trains régionaux, plus larges, va nécessiter des travaux sucoût de 50 millions d’euros , ont fait savoir mardi la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), qui évoquent des travaux de modernisation classiques, confirmant une information du «  Canard Enchaîné  ».
Selon l’hebdomadaire satirique, la SNCF «  a défini le cahier des charges, avec, notamment, les dimensions des nouvelles rames. [...] Or les savants ingénieurs de la SNCF ont omis de vérifier la réalité sur le terrain. Conséquence, selon l’Association des Régions de France, que préside le socialiste Alain Rousset : 1.200 quais sont trop proches des voies pour laisser passer les trains  ». Les 182 rames TER Regiolis du fabricant Alstom et les 159 Regio 2N de Bombardier, qui seront mis progressivement en service d’ici à fin 2016, s’avèrent en effet plus larges que celle de la génération précédente. Il faudra donc raboter certains quais, de façon plus ou moins importante, ont confirmé la SNCF et RFF.
Explication de cette méga bourde cheminote : Bon nombre de ces quais ont été construits à une époque où il n’existait pas de normes. L’écartement entre deux quais, ou entre la voie et le quai, varie donc selon les gares.... Pour la compagnie ferroviaire et le gestionnaire d’infrastructure, les 50 millions d’euros (estimés) pour modifier ces quais font partie des 4 milliards d’euros investis chaque année par RFF à la modernisation et au développement. Et, sur les 1.300 quais concernés, "300 ont déjà été traités et 600 le seront d’ici à la fin 2014", a précisé RFF mercredi. «  Le Canard Enchaîné  » ajoute que ce dernier aurait débloqué d’urgence 80 millions. Mais «  la note (risquant) d’être beaucoup plus salée  », il se serait tourné vers les régions, ce que RFF ne confirme pas.

Responsabilité

Qu’en pensent les intéressés ? «  Nous refusons de verser un seul centime sur cette réparation. On ne va pas, quand même, être à la fois pigeon et financeurs. Les régions ne sont pas des pigeons  », a déclaré hier dans la cour de l’Elysée , Alain Rousset président de la région Aquitaine et de l’ARF avant un rendez-vous avec François Hollande. Pour lui, c’est à RFF de payer la facture.

Mercredi matin sur Europe 1, le président de RFF, Jacques Rapoport a admis avoir découvert le problème “un peu tardivement”, accusant notamment la séparation instaurée depuis 17 ans au sein du système ferroviaire tricolore, qui a suscité des rivalités entre les frères ennemis du rail que sont la SNCF (responsable du transport ferroviaire) et RFF (en charge de l’infrastructure ferroviaire).

Le responsable est à chercher du côté de «  celles et ceux qui ont fait la commande,  » a ajouté Alain Rousset. Ce navrant épisode procure enfin aux régions, qui financent les TER et voudraient acheter leur matériel roulant sans passer par la SNCF , une nouvelle occasion de revendiquer davantage d’indépendance vis-à-vis du tandem en charge des opérations ferroviaires. «  C’est pour ça que nous on veut reprendre en main ces commandes. On paie 100% des TER, c’est à nous d’en assurer la commande, la propriété . Il faut que les régions s oient vraiment des autorités organisatrices, qu’elles aient la capacité de déterminer le tarif, les services, la maintenance », a poursuivi Alain Rousset. Il espère que la réforme ferroviaire en cours de discussion permettra « d’homogénéiser les commandes, parce que c’est quand même un peu stupide de commander des trains dont la largeur n’est pas conforme à celle des quais  ».
Son message semble avoir été entendu. Qualifiant la situation de «  rocambolesque  » et «  comiquement dramatique  », le secrétaire d’État aux Transports Frédéric Cuvillier a estimé hier sur BFM qu’elle résulte de «  l’ ineptie du cloisonnement étanche  » entre les deux entités du ferroviaire que sont la SNCF et RFF. Et de conclure : «  L’enjeu de la réforme ferroviaire prend tout son sens quand on constate l’état du dysfonctionnement du ferroviaire en France  ».


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