Christian Orofino : ’’La vente de la France est un gisement que personne n’exploite...’’

L’interview de Christian Orofino, Consultant (Tourmag)

’’Il reste une industrie à créer : celle du tourisme. Pour l’instant elle stagne au niveau artisanal parce qu’elle est entre les seules mains des institutionnels qui la "fonctionnarisent" Le tourisme peut être, à lui seul, un programme électoral pour un candidat à l’élection présidentielle. En effet, déjà les recettes touristiques de l’ordre de 40 milliards d’euros sont plus importantes que celles générées à l’export par l’industrie automobile ou l’agroalimentaire...’’

mercredi 4 janvier 2012, par administrateur

TourMaG.com - La vente de la destination France en agence est-elle davantage d’actualité en 2012 que hier... on a l’impression d’un serpent de mer qui se mord la queue. Qu’en pensez-vous ?

Christian Orofino : "La vente de la France est plus que jamais d’actualité, mais vous avez raison c’est un produit qui n’arrive pas à s’organiser professionnellement.

C’est un peu comme si les gisements de pétrole n’étaient pas exploités et qu’aucune compagnie pétrolière ne se créait pour profiter de cette richesse naturelle."

TM.com - Comment les réseaux et les agences de voyages pourraient-ils mieux vendre le tourisme hexagonal. Ne faut-il pas "repackager" le produit France ?

Ch.O. : "Il manque au produit France une valeur ajoutée : celle que pourraient apporter les professionnels. En effet les prestations que consomme un touriste étranger moyen se résument à deux nuits d’hôtel et quatre sandwiches...

Force est de constater que nous n’arrivons pas à créer et à promouvoir des productions packagées qui, d’une part augmenteraient sensiblement le panier moyen et, d’autre part, permettraient une offre dans toute les régions de France.

L’implantation des réseaux d’agences constitue un maillage extraordinaire de la France. Ces agences pourraient construire ces productions packagées régionales en utilisant les richesses patrimoniales de leur territoires respectifs.

De plus ces agences pourraient aussi servir de bases d’accueil pour les touristes."

’’Il reste une industrie à créer : celle du tourisme !’’

TM.com - Vous évoquez justement le réceptif qui pourrait, avec sa double fonction out-in going, devenir un segment de croissance. Pourtant, les agences avancent que le réceptif est un autre métier, qu’en pensez-vous ?

Ch.O. : "L’agent de voyages possède trois qualités professionnelles essentielles , la créativité pour construire des produits qu’il va vendre, le sens de l’accueil, la disponibilité.

Que ce soit pour une activité out going ou in coming c’est toujours du tourisme et les qualités pour les exercer sont les mêmes .

Les divers événements à travers le monde et internet ont asséché notre clientèle et interdit des territoires touristiques étrangers, il nous reste notre territoire national que nous n’avons jamais réellement exploité de façon organisée et collective."

TM.com - La croissance ralentit et le chômage augmente. Alors que les élections présidentielles approchent, aucun homme politique, aucun programme, ne met le tourisme en avant alors même qu’il est économiquement démontré que cette industrie pourrait créer des dizaines de milliers d’emplois. Quel est votre avis ?

Ch.O. : "Il reste une industrie à créer : celle du tourisme. Pour l’instant elle stagne au niveau artisanal parce qu’elle est entre les seules mains des institutionnels qui la "fonctionnarisent"

Le tourisme peut être, à lui seul, un programme électoral pour un candidat à l’élection présidentielle.

En effet, déjà les recettes touristiques de l’ordre de 40 milliards d’euros sont plus importantes que celles générées à l’export par l’industrie automobile ou l’agroalimentaire.

Et ce résultat est obtenu uniquement par la seule attractivité de notre pays et sans aucune véritable politique en la matière.

Une véritable structuration de notre activité impliquerait beaucoup d’acteurs économiques professionnels et privés, apporterait de l’emploi non délocalisable, favoriserait des projets d’aménagement du territoire, et développerait des programmes de formation.

Au final cela permettrait d’engranger des points de croissance régionaux et nationaux et surtout motiverait des populations locales autour de projets ambitieux.

Pour cela il faut que nos responsables politiques cessent de considérer le tourisme comme une activité folklorique mais bel et bien comme une industrie à part entière qui a besoin, pour enfin prendre la place qui lui revient, d’une véritable volonté politique au plus haut niveau."

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