Malgré la reprise de la fréquentation touristique, la France perd toujours des parts de marché.

Au service des territoires

" Le rapport fait au nom de la commission des finances, sur les crédits de la mission Tourisme, confirme la reprise de l’activité touristique, entamée fin 2016. Mais en matière de recettes, la position concurrentielle de la France recule." Au service des territoires

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mercredi 6 décembre 2017, par administrateur

Au service des territoires

" Plus qu’un pays de destination, la France s’impose en effet de plus en plus comme un pays de transit. Au-delà de ce constat général, le rapport effectue différents focus sur des sujets liés au tourisme. Il insiste notamment sur la nécessaire rénovation des résidences de tourisme, considérée comme "un enjeu majeur pour les territoires", en particulier sur le littoral et en montagne.

Dans son rapport fait au nom de la commission des finances, sur les crédits de la mission Tourisme, la rapporteure spéciale Emilie Bonnivard, députée (Les Républicains) de la Savoie, dresse un tableau très mitigé de la situation et des perspectives de la France en matière de tourisme international. La reprise des arrivées de visiteurs étrangers cette année, après le creux de 2016, ne peut en effet masquer la détérioration de la position concurrentielle de la France, tout particulièrement en matière de recettes.

Recettes touristiques internationales : la France derrière la Thaïlande

La reprise de l’activité touristique, apparue à la fin de 2016, s’est largement confirmée avec, au deuxième trimestre de cette année, une hausse de 10,2% des nuitées dans les hébergements collectifs touristiques. Ce redressement est particulièrement marqué dans l’agglomération parisienne (+12,6% dans les hôtels et +27,6% dans les autres hébergements touristiques). Avec 83 millions de visiteurs étrangers en 2016 et 88 millions attendus cet année, la France maintient également son rang de première destination touristique mondiale, devant les Etats-Unis (75,5 millions) et l’Espagne (75,6 millions), qui se rapproche cependant chaque année un peu plus.
Mais la situation relative se dégrade en termes de recettes touristiques. Longtemps troisième, la France apparaît aujourd’hui au cinquième rang mondial en la matière (avec 42,5 milliards de dollars de recettes issues des touristes étrangers en 2016), derrière les Etats-Unis (intouchables avec 205,9 milliards) et l’Espagne (60,3 milliards), mais aussi désormais derrière la Thaïlande (49,9 milliards) et la Chine (44,4 milliards). Elle est en outre talonnée par l’Italie (40,2 milliards), le Royaume-Uni (39,6 milliards) et l’Allemagne (37,4 milliards).

La France, première destination de transit mondiale

Les raisons de cette situation, qui se dégrade au fil des ans, sont bien connues : le rang de "première destination touristique mondiale" est en effet largement un leurre. Plus qu’un pays de destination, la France est avant tout un pays de transit, que les touristes étrangers traversent pour rejoindre une autre destination (tout particulièrement dans le sens nord-sud). En outre, malgré de nombreux plans gouvernementaux, la France peine à retenir ces touristes de passage et à les faire dépenser sur le territoire national.
Si le rapport pose le constat, il n’apporte pas vraiment de réponses - ce n’est d’ailleurs pas son objet -, se contentant de rappeler un certain nombre de pistes ponctuelles, comme une plus grande amplitude horaire des musées et des commerces, l’amélioration des flux dans les aéroports, la simplification des achats en détaxe ou encore le relèvement du seuil de remboursement en espèces dans le cadre de la détaxe, actuellement fixé à 1.000 euros (l’expérience montrant que les liquidités sont en général dépensées dans le pays d’accueil).

Rôle des régions et bilan de Bpifrance

Au-delà de ce constat, qui donne une connotation moins optimiste à l’objectif des 100 millions de touristes étrangers en France à l’horizon 2020 (voir notre article ci-dessous du 27 juillet 2017), la rapporteure spéciale consacre également des focus à différents sujets liés au budget du tourisme. Parmi ceux-ci, on retiendra notamment le rôle des régions dans l’économie touristique, qui ont vu leurs compétences renforcées par la loi Notr (de même que les EPCI). Bien qu’il n’existe pas de document récapitulant leur effort budgétaire en la matière, la direction générale des entreprises, saisie par la rapporteure, l’estime néanmoins à 120 millions d’euros. Pour leur part, les données fournies par les offices de tourisme et les syndicats d’initiative permettent d’évaluer leur budget cumulé à 409 millions d’euros.
Un autre focus porte sur le bilan des prêts spécifiques proposés par Bpifrance aux professionnels de l’hôtellerie, notamment indépendante. Celui-ci reste relativement modeste et la rapporteure estime donc "que Bpifrance devrait sans doute muscler sa communication auprès des professionnels, au regard du faible nombre de dossiers conclus chaque année auprès de l’hôtellerie indépendante".
Le rapport juge en revanche positivement l’expertise en ingénierie de projet et l’investissement de la Caisse des Dépôts, qui a renforcé son action dans le secteur depuis 2015 (enveloppe pluriannuelle de 400 millions d’euros sur cinq ans, création d’un fonds de capital développement et d’une foncière développement tourisme). Mais elle estime que "ce qui manque, ce ne sont pas les fonds, mais l’accompagnement au montage des projets".

Rénovation des résidences de tourisme, "un enjeu majeur pour les territoires"

Enfin, la rapporteure insiste sur la nécessaire rénovation des résidences de tourisme, "un enjeu majeur pour les territoires, en particulier littoraux et de montagne". Elle souligne le rôle essentiel du dispositif d’incitation fiscale "Censi-Bouvard", instauré en 2009, et invite l’Etat à "aller encore plus loin pour massifier la rénovation de ces résidences car le ’diffus particulier’ est un frein".
Dans le même esprit, elle rejoint les positions de l’Anem (Association nationale des élus de montagne) en estimant qu’"il est indispensable de préserver les capacités d’investissement des communes touristiques" dans les zones de montagne. Elle relève en particulier que "l’augmentation progressive du Fpic (fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales), de 150 millions d’euros en 2012 à un milliard en 2017, asphyxie les communes touristiques de montagne qui sont soumises, en parallèle, à la baisse drastique de la DGF. Elles subissent donc la double peine".


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