Blablacar, HOP Air France, Eurolines... à l’assaut de la SNCF

De Fabrice Gliszczynski ( La Tribune)

" Avec l’essor du covoiturage, la contre-attaque de Hop Air France, demain la concurrence des bus longue distance et du "car-sharing", le marché des déplacements longue distance est en pleine révolution. "
De Fabrice Gliszczynski ( La Tribune)

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lundi 4 mai 2015, par administrateur

De Fabrice Gliszczynski ( La Tribune)

En raison d’une conjoncture morose et la concurrence des autres modes de transport, le trafic voyageurs de la SNCF souffre depuis plusieurs années sur le réseau intérieur français. En 2014, il a reculé de 0,4% sur les TGV et de 3,7% sur les trains Intercités (Corail). Si la légère amélioration de l’économie française prévue par l’Insee en 2015 est forcément un signe positif pour la SNCF, le paysage concurrentiel se durcit considérablement. Fini le temps du duel entre la SNCF et Air France.

« Le train et l’aérien ne sont plus seuls », expliquait récemment Guillaume Pepy, le président de la SNCF.

Le marché des déplacements longues distance est en pleine révolution. Le covoiturage explose, les autocaristes sont dans les starting-blocks pour déferler dans l’Hexagone une fois en vigueur la Loi Macron qui libéralise ce secteur, et le transport aérien, n’a jamais été aussi menaçant avec, non seulement le développement des compagnies à bas coûts comme Easyjet, Volotea ou Ryanair -déjà présentes sur le réseau intérieur français-, mais aussi la restructuration d’Air France qui vient de regrouper toute l’activité court courrier dite de point-à-point (par opposition à vols en correspondance) avec celle de sa filiale régionale, Hop, sous la bannière de cette dernière.

HOP Air France veut reprendre des parts de marché au train

Avec une grille tarifaire simplifiée et des prix très agressifs qui débuteront à 49 euros TTC l’aller simple pour des temps de parcours qui restent les plus performants, Hop Air France, entend reprendre des parts de marché au train. Non pas sur les routes que la SNCF effectue en 2 heures, mais sur les autres, sachant qu’à partir de 3 heures, l’avion reprend l’avantage sur le train, en particulier auprès de la clientèle professionnelle. C’est à dire sur les lignes radiales reliant Paris à Nice ou Toulouse, mais aussi sur la majorité des lignes reliant les grandes métropoles régionales.

L’attaque routière est triple

Attaquée sur le haut de sa gamme par l’aérien, la SNCF l’est aussi sur le bas avec le boom des déplacements par la route, qui représente déjà plus de 65 % de parts de marché des déplacements longue distance en France, contre 20 % pour le train et 15 % pour l’avion selon des chiffres fournis par Air France (pour la SNCF, le train pèse moins de 15%).

L’attaque routière est triple. Depuis plusieurs années, le covoiturage est en pleine ascension, avec son leader, Blablacar. Sur des lignes comme Bordeaux-Nantes ou Paris-Rennes le vendredi, la formule fait mouche. Sur Bordeaux-Nantes, le covoiturage a raflé 11% du marché selon la SNCF.

« Le covoiturage nous bouffe des parts de marché », explique Jean Ghedira, le directeur d’Intercités, cette activité de la SNCF qui perdu 2,7 millions de voyageurs de passagers en trois ans sous l’effet de la concurrence et de la crise.

Ce n’est pas fini. Bénéficiant d’une très forte notoriété, Blablacar dispose d’un réservoir de clients potentiels très élevé.

Libéralisation des autocars

Une autre concurrence routière pointe. La libéralisation du marché des autocars risque de faire lui aussi des dégâts aux trains. Une centaine de lignes devraient ouvrir dès l’entrée en vigueur de la loi Macron, en juillet ou au 1er janvier 2016. En interne, la SNCF table sur une perte annuelle de chiffre d’affaires de l’ordre de 200 millions d’euros. L’arrivée des autocars "va venir perturber l’équilibre en place, et ça viendra prendre du chiffre d’affaires à tous les acteurs en place aujourd’hui", explique Rachel Picard, la directrice générale de Voyages SNCF, qui estime le marché de l’autocar français entre 500 millions et un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel.

Le "car-sharing" pourrait exploser demain

Enfin, une autre concurrence routière, balbutiante aujourd’hui, pourrait exploser demain. C’est le car-sharing, la location de voitures entre particuliers. Un marché à la fois concurrent et complémentaire du train sur lequel Drivy accélère avec le rachat de son concurrent Buzzcar.

Avec tous ces acteurs, la gamme des déplacements en France sera donc très large en termes de rapport qualité-prix-vitesse. Outre le « porte à porte », la réponse de la SNCF est d’offrir des solutions sur l’ensemble de cette gamme. La SNCF est présente dans le covoiturage avec IDvroom, dans les bus avec IDbus et dispose de plusieurs offres dans le train : le TGV classique, les IDTGV, Ouigo, Intercités, dont certains sont 100% Eco comme entre Paris et Toulouse. Dans une interview accordée le 17 avril, Guillaume Pepy déclarait que la SNCF allait "investir massivement dans les TGV à bas prix".


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