Le modèle low cost en pleine évolution

Article de M. Bruno Trevidic (Les Echos)

Si Ryanair et easyJet restent, de loin, les deux principales compagnies low cost européennes, leurs stratégies n’ont fait que diverger ces dernières années. Au point que les différences de modèle sont aujourd’hui plus importantes entre la compagnie irlandaise et sa concurrente britannique qu’entre cette dernière et Air France. Si Ryanair est restée fidèle au modèle low cost originel inventé par Southwest aux Etats-Unis, sa rivale d’outre-Manche a fait d’emblée le choix d’un modèle intermédiaire, à mi-distance entre le pur low cost et les compagnies traditionnelles, qui semble aujourd’hui plus payant.

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mardi 19 novembre 2013, par administrateur

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Contrairement à Ryanair, dont l’essentiel des destinations reste des aéroports secondaires, la compagnie créée par sir Stelios Haji-Ioannou a choisi dès l’origine de desservir les grands aéroports internationaux, acceptant ainsi une certaine dose de surcoûts pour être au plus près des bassins de clientèle. En France, ses principales destinations sont Roissy-CDG, Orly et Nice, quand Ryanair ne dessert Paris que depuis Beauvais (Oise) et Vatry (Marne).

Contrairement à celle-ci, qui n’a eu de cesse de déshabiller sa prestation en inventant des suppléments tarifaires afin de faire gonfler ses recettes, easyJet a développé une offre tout inclus et des services de plus en plus sophistiqués, à l’intention de la clientèle d’affaires. Dans la même optique, elle a accepté de travailler avec les grands réseaux d’agences de voyages et de figurer sur les systèmes de réservation mondiaux, tandis que Ryanair contrôle sa commercialisation de A à Z.
Enfin, contrairement à la compagnie dirigée par le bouillant Michael O’Leary, dont la présence sur nombre d’aéroports ne tient qu’au versement d’aides en tout genre par les collectivités locales, easyJet s’est développée sans subvention.

Ces différences de stratégie ont longtemps permis à la compagnie irlandaise de se développer beaucoup plus vite que sa concurrente britannique. Aujourd’hui encore, Ryanair reste loin devant easyJet en nombre de passagers, avec 80 millions en 2013. Cependant, son revenu moyen par passager est aujourd’hui 30 % moins élevé. Par ailleurs, le positionnement commercial plus traditionnel d’easyJet la met en meilleure position que Ryanair pour profiter des fermetures de lignes européennes décidées par Air France et les autres compagnies classiques. A l’inverse, le positionnement essentiellement loisir du réseau de Ryanair l’expose davantage à la crise économique européenne et la remise en cause des subventions versées aux aéroports régionaux.

Sans vouloir renoncer à ses dogmes, Ryanair semble d’ailleurs avoir compris la nécessité d’évoluer. Outre ses récentes implantations sur de grands aéroports, la compagnie a fait un pas en avant vers une meilleure qualité de service, en allégeant un peu les contraintes pesant sur sa clientèle. Les modifications de réservation ne seront plus aussi coûteuses, un deuxième bagage à main sera autorisé. Son directeur général a même accepté d’engager le dialogue sur Internet avec des clients mécontents sans les envoyer au diable. Un petit pas qui préfigure peut-être un changement de cap stratégique.


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